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Distributions militantes du tract national quatre pages « la bourse ou la vie » , quartier Montpellier Nord Ouest

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Au cœur de la « Crise » : la « pieuvre » capitaliste

Depuis des mois, les Français ont été abreuvés par les medias dominants d’informations ou plutôt de pseudo-informations sur le développement de la crise financière aux USA. On leur a parlé successivement de la crise des « subprimes » (crédits hypothécaires à risque), puis de la « bulle » spéculative immobilière aux USA qui aurait éclaté, puis d’une crise bancaire qui vient d’entraîner la faillite de banques prestigieuses (ex. Lehman Brothers, fondée au XIX° siècle). On a assisté ensuite au renflouement, à coup de centaines de milliards de $ versés par le gouvernement américain, d’autres grandes institutions financières US, puis de l’ensemble du système bancaire américain, pour un coût provisoire de 700 milliards de $, mais probablement in fine bien plus élevé. Maintenant, il se confirme que cette crise bancaire US s’est étendue, comme un feu de brousse dans la savane, aux banques européennes, y compris françaises, et que l’on ignore en fait l’ampleur des conséquences potentielles en Europe même de cette situation. Dans la dernière période, est apparu un nouveau thème, aussi bien aux USA qu’en Europe, c’est que tout cela aura un coût élevé, pour le contribuable, mais aussi pour l’économie réelle, pour les salariés avec le développement probable du chômage, une politique d’austérité, etc.

Par ailleurs, un autre trou noir de la crise est quasiment passé sous silence, celui des Fonds spéculatifs (Hedge funds) qui abritent des centaines de milliards de $ dans des paradis fiscaux, hors de tout contrôle, alors que certains de ces Fonds sont manifestement en train de sombrer.

Mais dans ce flot d’informations, deux caractéristiques ressortent : c’est, d’une part, l’extraordinaire faiblesse des explications sur les raisons profondes de cette crise (au début on nous a parlé de démarcheurs sans scrupules, puis de « traders » incontrôlés et enfin de banquiers irresponsables (dernière thèse de N. Sarkosy), et, d’autre part, la tentative de dissimuler, aussi longtemps qu’on l’a pu, qu’il s’agit bien d’une crise globale du capitalisme, qui touche à son essence même.

Or, pour réellement comprendre ce qui se passe aujourd’hui, il faut revenir à la fin des années 70. A ce moment là, les classes dirigeantes occidentales jugent que l’importante accumulation financière de la période de prospérité d’après guerre n’est plus alimentée par un niveau de profits suffisant (niveau mis en cause notamment par la rébellion contre les bas salaires et l’intensification du travail (ex. 1968), par celle des pays producteurs de pétrole contre les prix de pillage de cette matière première- 1973). Par ailleurs, ces mêmes classes estiment alors que le « camp socialiste » n’est plus économiquement qu’un « tigre de papier », que son économie va à l’échec et donc que la porte est désormais ouverte pour « recoloniser » économiquement et idéologiquement l’ensemble de la planète (le processus est amorcé par les politiques « Reagan » et «Thatcher » et par un pilonnage idéologique mondial sur les vertus des nouveaux dogmes capitalistes néolibéraux (tout marché, libre échange, liberté d’investissement et de circulation des capitaux, privatisations et liquidation des entreprises et services publics, dérégulation, etc.).

Dès lors, se met progressivement en place, dans les pays capitalistes occidentaux, (USA, UE, Japon, etc.), une énorme pieuvre financière dont les tentacules vont s’étendre progressivement à la quasi-totalité des économies planétaires, en s’insinuant dans tous les lieux où des richesses sont créées par le travail humain, pour aspirer, via leurs ventouses, la plus grande part possible de celles-ci. L’extension internationale de ces tentacules, dès 1980, va saigner à blanc les économies les plus vulnérables, celles des pays du « Sud », via l’explosion de leur « dette », délibérément provoquée par une hausse brutale des taux d’intérêt décidée par l’Occident. Des centaines de millions d’êtres humains seront ainsi plongés dans la misère absolue, des millions d’autres périront du fait de l’écroulement des systèmes de santé en Afrique. Autrement dit, il ne faut pas faire semblant de découvrir maintenant l’inhumanité de la pieuvre capitaliste, liée à de soi-disant dérives (ex. Américains pauvres chassés de leurs maisons). Cette inhumanité foncière, criminelle a été patente dès le départ et à une très large échelle. Depuis les tentacules de la pieuvre se sont insinués partout. Dans les entreprises, en comprimant la part des salaires dans le partage des richesses créées (déplacement de 10 % en France, au profit du capital et des profits financiers), en confisquant totalement les énormes gains de productivité de la révolution informationnelle. Par ailleurs, la concurrence exacerbée du libre échange et les exigences de rentabilités toujours plus élevées poussent à aller chercher dans les pays à très bas salaires des profits extra (délocalisations, sous-traitance, cf. paire de baskets achetée 4 $ à un sous-traitant chinois, revendue 40 $ sur le marché US). Pratiquement, toutes les activités humaines sont désormais considérées comme « marchandisables », c'est-à-dire susceptibles de dégager des profits financiers. Baisse des impôts, et donc des investissements publics « non-rentables », pourtant vitaux pour l’avenir de l’humanité (aide au développement, environnement, mise en œuvre du développement humain durable, etc.). L’éducation, la santé, le sport (équipes de foot cotées en bourse), la culture, les loisirs sont progressivement envahis par les tentacules de la pieuvre financière. Les agro-industries à rentabilité élevée menacent la sécurité alimentaire mondiale. Par ailleurs, les exigences de rotation accélérée du capital conduisent à une obsolescence artificielle des produits, délibérément non réparables. Un pilonnage publicitaire toujours plus intensif transforme, dans les pays développés, nombre d’êtres humains en acheteurs compulsifs. A la fin des années 90, en tout cas, le résultat recherché est atteint, à savoir une fantastique accumulation financière entre les mains d’une toute petite minorité, devenue immensément riche (Un montant incommensurable de dizaines de milliers de milliards de $ est parfois évoqué). Mais, dès lors, la pieuvre capitaliste occidentale, en particulier sa branche américaine, commence à se heurter à des difficultés. Les pays producteurs de pétrole et de gaz, dont la Russie, reprennent le contrôle de leurs gisements et accumulent pour leur propre compte. Au sein des pays émergents comme la Chine ou l’Inde, les processus d’accumulation capitaliste dont l’Occident a favorisé l’émergence ont donné naissance à des pieuvres capitalistes secondaires, qui grossissent à vue d’œil et dont les tentacules commencent à concurrencer partout la pieuvre occidentale (marchés, ressources naturelles). D’où la nécessité, notamment aux USA, de se tourner de plus en plus vers des expédients. Les bas salaires US, l’absence d’épargne y ont conduit pendant des années à maintenir artificiellement la consommation, moteur de l’activité économique, par des crédits, nécessairement octroyés avec de moins en moins de contraintes ou de régulations. Idem pour les spéculations successives, bulles internet, immobilière, matières premières. S’il est vrai que l’argent facile de la phase ascendante de la spéculation, souvent ostensiblement exhibé, a tendance à indigner, économiquement cette indignation n’a pas grand sens, car il s’agit d’une évolution quasi-inéluctable de la pieuvre capitaliste. En effet, plus celle-ci grossit (accumulation financière), plus elle doit absorber des quantités croissantes de richesses pour se nourrir, ce qui rencontre nécessairement des limites et conduit fatalement à un processus de crise, lui-même à l’échelle de l’accumulation réalisée.


Bref, inutile de se le dissimuler, la crise globale du capitalisme va nous projeter dans un autre monde, avec à la fois d’immenses dangers pour l’avenir de l’humanité et d’immenses opportunités politiques, à condition que nous nous hissions à leur hauteur, que nous soyons en mesure de les saisir
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Paul Sindic


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