L’Histoire au lycée ou la chasse à l’esprit critique

Dans quel cerveau a germé l’idée de supprimer une année d’enseignement de l’histoire et, dans le même mouvement, de la géographie, du cursus scolaire ?

Était-ce dans une préfecture où quelques notables de droite sont invités à discourir sur « l’identité nationale » ? Il semble que, dans ces réunions, ces beaux esprits philosophent, prennent de la hauteur, dans le style de ce député UMP exprimant ces interrogations métaphysiques dans un style ô combien relevé : « Ils vont nous envahir si on ne réagit pas. » Peut-être s’est-il trouvé un autre théoricien pour s’interroger gravement sur la contradiction entre la vision de l’immigration qui serait facteur de troubles dans la société (tel que le posait une note préparatoire à ces débats) et quelques pages d’histoire qui rappellent le rôle des immigrés dans le développement du pays et la liberté… « Ces étrangers et nos frères pourtant » célébrés par Aragon.

Il n’est pas exagéré de voir dans cette mesure, annoncée par Luc Chatel, un nouvel épisode, un impromptu de cette bataille idéologique visant à discréditer la pensée. La même note évoquait ces intellectuels rétifs à jouer le rôle que le pouvoir attend d’eux. Bien au contraire, la réplique des historiens, de Jacques Le Goff à Benjamin Stora, d’André Kaspi à Jean-Pierre Azéma, et de très nombreux autres chercheurs, à la suppression de l’histoire-géographie en terminale S est un camouflet pour les tenants du sarkozysme. Chacun a les soutiens qu’il mérite ; Luc Chatel et Nicolas Sarkozy sont assurés de celui d’hommes et de femmes qui sont la conscience de notre temps : Frédéric Lefebvre et Nadine Morano, selon toutes probabilités.

Une question encore : Max Gallo, qui s’y entend si bien pour défendre le culte sarkozyste auquel il s’est converti, osera-t-il soutenir que l’on enseigne trop l’histoire en France, et que les élèves des sections scientifiques en auraient moins besoin de leurs camarades des sections littéraires ?

Il est tentant, dans les milieux de droite et dans les officines du Medef, de vilipender un enseignement qui fait la part belle à la liberté de jugement, à la pensée critique. Tout cela est bien étranger aux règles du management de nos entreprises soumises aux pressions actionnariales.

La philosophie comme l’histoire bénéficient jusqu’à maintenant d’une place plus importante que dans d’autres pays. Trouve-t-on intéressant la situation qui a prévalu longtemps en Allemagne, où des générations d’élèves n’ont rien appris sur le nazisme au motif que le programmes d’histoire prévoyait l’étude de cette période une seule fois, à la fin de la scolarité et à la fin de l’année ? Tout retard dans le programme entraînait le IIIe Reich dans l’oubli.

Quant à Nicolas Sarkozy, il sera bien en peine d’expliquer comment il concilie l’hommage à Guy Môquet et une marginalisation de l’enseignement de l’histoire réduite en terminale S au statut d’option, c’est-à-dire en voie de disparition. L’histoire et la géographie sont aussi des victimes des suppressions de postes (16 000 enseignants en une année), tout comme la liquidation des IUFM solde le mépris de la pédagogie.

Le monde du savoir mais, au-delà, tous les citoyens doivent mesurer la gravité des attaques. C’est la bataille de l’intelligence et du progrès humain contre les conciliabules dans les préfectures

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Identité nationale, la honte de la République


La relance par Eric Besson (ancien PS) , ministre de l’immigration, du débat sur l’identité nationale est infâme. L’idéologie qui est derrière cette conception de la France est criminelle, elle conduit à renvoyer dans des pays parfois en guerre, souvent d’une grande pauvreté, des gens qui y sont en danger de mort. Le droit d’asile était jadis ce qui faisait la beauté de notre pays et lui garantissait une mixité assurant la richesse culturelle et le rayonnement planétaire.

Ce qui fait la force de la France ce n’est pas la Marseillaise, ni même le drapeau tricolore, mais bien les valeurs de la République, « Liberté, Egalité, Fraternité ». Eric Besson, comme Brice Hortefeux avant lui, s’assoit sur la tolérance, la solidarité, le partage. Accueillir les gens dans le besoin est un devoir. Porter assistance à quelqu’un ayant fuit la guerre, la famine, la misère n’est pas un crime mais un acte dont notre pays doit être fier. La relance des idées de replis nationaliste est nauséabonde et montre bien le virage à droite de Besson. Sarkozy cherche à prendre des électeurs à l’extrême droite pour s’assurer de la victoire de l’UMP lors des prochaines élections régionales (mars 2010).

Nous, militants communistes sommes aux antipodes de cette vision xénophobe de la France. Nous proposons la régularisation de tous les sans-papiers et le droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers. Un homme reste un homme quelque soit son origine, sa couleur, ou encore sa religion. Le pays des droits de l’homme doit montrer l’exemple et ne traiter aucun être humain comme Besson le fait à Sangatte. Les charters ne sont pas une solution car la misère poussera toujours les gens à braver tous les dangers pour fuir leur lieu de vie et trouver asile dans un des pays dits civilisés. Le respect d’autrui est au centre de nos valeurs, ce qui n’est apparemment pas le cas du gouvernement Sarkozy qui souhaite diviser les travailleurs. Il nous faut cultiver la différence et la tolérance et non le mépris et la haine.


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