André Brink, la Palestine et l’Holocauste

Rien n’est plus exaspérant que la manière dont Nelson Mandela et les responsables de la lutte contre l’apartheid sont transformés en icônes (un bon exemple en est le film Invictus). On tente ainsi d’ôter à leur lutte son caractère révolutionnaire, de faire oublier que l’Occident a largement soutenu le régime de l’apartheid, que Mandela et ses camarades étaient dénoncés comme des terroristes. Que, lors de sa prise de fonctions comme président de l’Afrique du Sud libérée, Mandela a invité Fidel Castro (dont les troupes en Angola, dans les années 1970, ont contribué à la défaite du régime de l’apartheid) et Yasser Arafat.

On oublie aussi de mentionner la collaboration permanente d’Israël avec le régime de l’apartheid et l’engagement de nombre d’intellectuels et de responsables sud-africains, y compris juifs, aux côtés des Palestiniens. Et la condamnation par le gouvernement sud-africain actuel des politiques israéliennes, notamment à Gaza.

Récemment, un des plus grands écrivains sud-africains, André Brink, a publié ses Mémoires, intitulés Mes bifurcations (Actes Sud, Arles, 2010). Le livre a reçu, à juste titre, un accueil très favorable de la critique. Mais personne, à ma connaissance, n’a relevé ce passage.

« Mais l’expérience déterminante de ce voyage (de 2002) fut la visite à l’université palestinienne de Birzeit. J’avais beaucoup lu sur le conflit au Moyen-Orient ; à Salzbourg et ailleurs, j’avais eu de longues conversations passionnées avec des écrivains palestiniens. Je me rappelle encore ma discussion avec Hanan Mikhail-Ashrawi quand elle était venue au Cap des années plus tôt. En plusieurs occasions avant sa mort prématurée, j’avais aussi pu bénéficier de la grande sagesse et de la douce humanité d’Edward Said. Mais cette immersion dans la terrible réalité de cet endroit tragique, de cette terre et de son peuple, m’a éprouvé comme peu d’expériences l’ont fait dans ma vie. Je crus redécouvrir le cœur hideux de l’apartheid : la manière dont les Palestiniens, y compris certains des êtres les plus merveilleux que j’ai jamais rencontrés, sont soumis à l’une des oppressions les plus cruelles ici-bas, le tissu d’hypocrisie et de mensonges qui, du côté israélien, tente d’obscurcir et de déformer la vérité. Au cours de ce séjour se produisit un événement particulièrement choquant : la bicoque d’un vieux Palestinien fut rasée par les bulldozers de l’armée israélienne parce qu’il avait osé installer une citerne sur sa toiture afin de récupérer les quelques gouttes de pluie qui tombaient là. »

« J’ai vu le réseau d’autoroutes modernes construites pour les Israéliens et les misérables petites routes auxquelles les Palestiniens sont confinés ; j’ai vu les oliveraies, souvent seul moyen de subsistance des agriculteurs palestiniens, arrachées par les Israéliens ; j’ai vu la prolifération de nouvelles colonies israéliennes en plein territoire palestinien, établies là à l’encontre de tous les accords signés, simplement pour renforcer la présence et le pouvoir des Israéliens dans un territoire qui ne leur appartient pas. J’avais déjà vu cela, du temps de l’oppression des Noirs par les Blancs en Afrique du Sud. J’avais déjà entendu les mêmes excuses et explications pieuses. »

« Quand j’y repense aujourd’hui, je ne peux écarter de mon esprit le souvenir des terribles vestiges de Dachau et d’Auschwitz : si Israël ne s’est jamais lancé dans un génocide de l’ampleur de l’Holocauste, le nettoyage ethnique que cette nation inflige aux Palestiniens équivaut, moralement, à une version lente et en mode mineur des camps de la mort. J’ai du mal à comprendre comment un peuple pour lequel il a été si difficile de se relever des horreurs de l’Holocauste peut ensuite infliger à d’autres ce qu’on lui a fait. »

« Tout cela est projeté, concentré avec l’intensité d’un laser sur une confrontation spectaculaire entre un jeune écrivain israélien et une jeune femme palestinienne, belle et furieuse, lors d’une conférence au Shloss Leopoldskron à Salzbourg, où il se peut que j’aie passé, je crois, certains des moments les plus mémorables de mon existence. »

De telles déclarations prononcées par un intellectuel français susciteraient, sans aucun doute, un procès de Avocats sans frontières, l’organisation de Gilles-William Goldnadel, récemment élu à la direction du CRIF et qui symbolise la droitisation de cette organisation.


Alain Gresh
http://blog.mondediplo.net/2010-03-09-Andre-Brink-la-Palestine-et-l-Holocauste

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La 14 mars allons voter pour changer de majorité

Sur notre canton, nous souffrons beaucoup de la politique réactionnaire du gouverne-ment de droite. Le chômage est très élevé et le logement précaire. La politique libérale décidée par le parlement européen et le gouvernement français est accompagnée, en Languedoc Roussillon par le président sortant, Georges Frêche. Le 14 mars, nous avons la possibilité de changer de majorité, afin de ne plus cautionner la politique de la droite, mais bien d’y résister et de prendre un virage à gauche.


La liste « A Gauche Maintenant » conduite par René Révol et François Liberti est une démarche unique en faveur de l’unité des partis de gauche. Ce rassemblement sans précédent a de grandes ambitions, il ne s’agit pas de témoigner, mais bien de l’emporter et ainsi proposer un renouveau de la politique en Languedoc Roussillon. Le vote pour « A Gauche Maintenant », c’est le vote pour notre région, c’est le refus de l’alliance avec Frêche qui ne représente rien, en tout cas, pas les valeurs de gauche. C’est la rupture avec le présidentialisme frêchiste qui accompagne le capitalisme. Ce n’est pas une candidature sortie d’un chapeau, trop tardivement, et qui court à la catastrophe. La liste conduite par René Révol est la seule capable de battre à la fois Georges Frêche et Raymond Couderc, le Sarkozy local. Le projet de l’UMP est très simple, c’est l’abandon des habitants au profit des grands patrons. C’est inacceptable.


Le seule liste qui s’engage pour la défense des servi-ces publics, pour la promotion de l’emploi et de la formation, à oeuvrer pour le logement, pour la coopération internationale en faveur de la Palestine, c’est « A Gauche Maintenant ». C’est la seule liste de large rassemblement et la seule à être une alternative au sarkozysme et au ravage du capitalisme. Grâce au score de la liste « A Gauche Maintenant » le 14 mars, et la fusion avec les autres listes de gauche, à l’exception de Frêche et du Modem, le changement est possible en Languedoc Roussillon. Alors pour répondre à l’urgence sociale, écologique et démocratique, le dimanche 14 mars, allons voter et changeons de majorité.

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