Le téléphone sonna vers 7h30. L’armée venait d’arriver

Destructions de maisons, de villages, contraindre à partir les Palestiniens privés de moyens de subsistance ou comment poursuivre le nettoyage ethnique de la Palestine


Bonjour à tous,

Je vous écris aujourd’hui depuis la Vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée.


Hier matin, 10 familles du village de Bardala, au Nord de la Vallée, ont reçu des ordres d’évacuation de l’Administration israélienne.

Ceci parce qu’elle vivent dans des baraques en taule en Zone C. La Zone C est, selon les accords d’Oslo, sous contrôle israélien. Ces familles sont issues de communautés bédouines mais ne peuvent plus être nomades puisqu’Israël les empêche de se déplacer. Forcées de se sédentariser, elles se sont installées en bordure du village de Bardala. Ce village se trouve en zone B. Zone qui est surpeuplée et qui ne peut par conséquent pas accueillir de bergers avec leurs troupeaux. C’est pour cette raison que ces familles se trouvent à la lisière du village, ainsi que pour avoir un accès à l’eau et à d’autres services.


Je suis allée visiter l’une de ces familles. Elle possède 300 moutons et l’ordre d’évacuation stipule que si la famille ne quitte pas les lieux d’elle-même, l’armée détruira la maison et confisquera les bêtes. En prime, la famille devra payer les frais relatifs à cette confiscation (frais de transports des bêtes, nourriture, etc) ...


La nuit dernière j’ai dormi dans une famille près du village d’Ein Beida, également au Nord de la Cisjordanie. Cette famille réside aussi illégalement en zone C. Elle vit sur les terres d’un village qui a été rasé par l’occupant en 1967. Ce village comprenait alors plus d’une vingtaine de maisons. Aujourd’hui, Jordan Valley Solidarity utilise une partie de cette terre pour y fabriquer des briques en terre et en paille. Ces briques servent à reconstruire des maisons détruites par l’occupant israélien dans la Vallée du Jourdain.


Au lever du soleil toute la famille s’est levée pour s’occuper des bêtes, traire les vaches, faire le pain et le fromage. J’ai ainsi pu apprendre les rudiments de confection de la base de l’alimentation rurale des Palestiniens. Me trouvant entourée d’un paysage idyllique et occupée à apprendre le savoir-faire des Bédouines, j’en oubliais presque l’occupation !


Le téléphone sonna vers 7h30. L’armée venait d’arriver à Farsiye et à Ghazal, deux villages voisins. L’armée, la police et les bulldozers. Une heure après, plus de 50 maisons, granges et abris en taule étaient détruits. 22 familles se retrouvent sans leurs seules ressources : l’agriculture et leur bétail.


L’armée n’a laissé approcher personne. Tous les agriculteur des environs venus soutenir les victimes se sont vus interdire de s’approcher à moins de 100m de la scène et de prendre des photos.


Les soldats sont bien briffés : ces Palestiniens se sont installés sur une « zone militaire fermée ». Et non l’inverse ! Pas moyen de discuter, « il n’y avait personne sur ces terres avant la création de l’État d’Israël » ... Que répondre au plus vieil argument sioniste, quand votre interlocuteur n’a pas envie de discuter et qu’il est armé jusqu’aux dents ?


Laura


publié sur le site de l'AFPS (www.france-palestine.org) le jeudi 22 juillet 2010

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